3’30’’
Dispositif : moniteur 30 cm, posé au sol dans une grande salle.
Plan séquence en boucle.
Des rires, des cris, une rupture, l’ordre imposé.
12’
Dispositif : Projection double écran sur un mur
Une affaire de désordre et de temps, où la pierre devient sable, et le sable, murmure.
J’ai filmé l’atelier de Georgii Tryahin-Byharov, à Almaty. C’est une rencontre avec la matière, la terre, la pierre, les murmures et la ville qui se retrouve, en désordre, chez lui. Les deux bandes se répondent, ou se provoquent, par jeu de rythme et de texture.
Dans la cour autour de son atelier, il a amené des troncs, une carcasse de voiture, du métal, des ressorts, de la pierre, du sable. Il a glissé des troncs à l’intérieur de la carcasse de voiture.
Certaines trouvailles sont là depuis si longtemps que se sont mêlé le sable et le bois, la pierre et le sable, le métal et la pierre. Les choses sont grandes, volumineuses ; leurs masses imposantes. J’ai tenté de capter ce qui émane de sa relation à l’espace. Il y a quelque chose d’entier, de mouvant et de charnel.
59'20"
Dispositif: 3 moniteurs 70 cm posés sur le sol
Vidéo : 3 bandes vidéo, en boucle I (19’) I I (14’) I I I (14’)
J’ai travaillé avec Galim Madanov, artiste kazakh, que j’avais déjà brièvement rencontré à Paris. Lorsqu’il était rentré à Almaty, après deux mois d’absence, des palissades en métal hautes de 3 mètres avaient été montées dans toute sa ville. C’est avec ces palissades et ces chantiers que j’ai découverts cette ville. Je lui ai proposé de travailler une pièce qui serait inspirée par la transformation de l’espace urbain à Almaty cependant que je le filmais au travail et rassemblais des images et des sons dans cette ville mouvante.
Les trois téléviseurs sont posés sur le sol. On est assis sur un matelas, de ces matelas centre-asiatique qui servent aussi bien de banc pour les invités autour d’une table basse que de couche pour la nuit. On est proche des écrans, on pourrait les toucher. Un écran porte la ville, les espaces immenses en construction, les chantiers ou simplement la vie de quartier. Les deux autres sont dans l’intérieur de Galim Madanov. Alors, se dégagent des rythmes, des présences.
Ces trois bandes n’ont pas la même durée, et elles tournent en boucle. La voix Ville ne change pas de composition, tandis qu’à chaque reprise des deux autres voix on reconnaît des micro-variantes, des résistances. Comme on composerait une partition pour six instruments, chaque voix est ajustée pour que l’ensemble compose une seule pièce visuelle et sonore. Les trois bandes sons créent un espace sonore et s’affrontent, jusqu’à déranger car la voix Ville, avec une durée plus longue, bouscule sans cesse les deux autres ; des relations entre intérieur et extérieur se tissent peu à peu.
Extrait 6'
Le centre d’art contemporain d’almaty est sur trois niveaux, avec un escalier central. Chaque pièce donne sur l’espace de l’escalier. Lorsque chaque installation est en marche, les sons de chacune se rencontrent dans l’escalier.
A l’étage central, ce petit téléviseur posé sur le sol qui tourne en boucle Dragon a un niveau sonore assez bas. De l’étage d’en dessous « basement » parviennent -mêlées déjà- les trois bandes sons des trois téléviseurs de Bleu. La rumeur de la ville et des travaux, puis la musique de Galim, et enfin le dragon encore car il appartient aussi à Bleu.
Alors parfois le dragon du haut interfère et s’installe, perturbant le temps de Bleu, reliant le basement et le 1er étage. Au 2ème étage, la musique du basement est seule à parvenir. Lorsque, depuis le 2ème étage, le marteau du veilleur perce et descend l’escalier, qu’il se mêle au dragon, à la musique ou à la ville, les temps de ces espaces se retrouvent et des chemins se forment.
Les événements sonores et les rencontres dans l’espace sont ainsi toujours en mouvement. L’ensemble de ces sons crée un nouvel espace que l’on ne peut restreindre à la seule association d’avec leur image vidéo.